Stages héritages ouvreurs - Ubaye
Aiguille Pierre André - 2025
Il s'est déroulé sur les parois de la très connue Aiguille Pierre André dans la haute vallée de l'Ubaye.
Bien que le "support" dédié à cette "formation" soit extrêmement classique (sans doute le sommet le plus emblématique de l'Ubaye pour l'escalade jusqu'au début des années 2000), cette année, les modalités étaient tout à fait particulières car notre propos a été non seulement d'utiliser des scellements chimiques pour la première fois (à la place des plus classiques goujons à expansion mécanique) mais également de déséquiper une voie!
En effet, après un petit sondage auprès des grimpeurs de la vallée, comme de plus loin, professionnels ou amateurs, un consensus s'est dégagé pour "revaloriser" une voie très classique, ouverte dans les années 50 par L. Cerciello et le très respecté Loulou Honnorat, la Sud Sud Est.
Celle-ci a été, depuis son ouverture le théâtre de tous les excès que l'évolution de l'escalade a pu engendrer. Or, il s'avère qu'aujourd'hui une dimension plus épurée de la pratique de l'escalade en grande voie, remet au goût du jour l'assurage "naturel" sur protection amovible (coinceurs, friends...). La S.S.E. se prêtant très facilement à ce type d'assurage, il a donc été décidé de "nettoyer" la voie dans toutes ses 7 longueurs et, par contre, d'y placer des relais "bétons" constitués de 2 rings scellés à la résine munis du minimum pour faciliter une éventuelle descente en rappel ( maillon + anneau rond sur le point du haut et simple maillon sur le point du bas).
Par ailleurs, un second "chantier" sur une voie "moderne" voisine, "Vieux boucs, new look" , une voie entièrement équipée sur goujons, s'est vue gratifiée d'une variante toute équipée, en scellements, afin d'éviter une longueur qui était largement au dessus du niveau moyen de la voie. Celle-ci , effectivement, représentait un ensemble de 5 longueurs en 5, avec un ou deux courts pas de 5c mais, aussi, malheureusement, d'une longueur en 6b, difficile, rendant la voie peu homogène . Bien que cette difficulté puisse être franchie éventuellement en tire clous, une variante, très belle et très aérienne, a été d'abord reconnue, puis équipée, sur la gauche de la longueur originelle. Elle permet de rester sur du 5c, même si celui-ci est un peu athlétique, du fait de la raideur du ressaut, mais équipé de scellements rapprochés pour ne pas effrayer le grimpeur peu entrainé, qui aurait été séduit par cette voie de difficulté moyenne. Une belle réussite de ce stage!
Enfin, il faut avouer qu'un troisième objectif du stage n'a pas pu être atteint. Il avait été envisagé, en plus des 2 précédents objectifs, d'imaginer une ligne de descente en rappel qui permette à la corde de glisser facilement jusqu'au pied de la courte face Ouest lors de sa récupération. Malgré une inspection complète de ce versant, il n'a pas été possible de trouver cette nouvelle ligne car la configuration de la paroi, très articulée avec des vires, des replats et des zones découpées de ressauts 'noffrent pas assez d'homogénéité. Nous avons donc dû renoncer à cet nouvelle ligne de rappel!
Le stage s'est donc articulé autour des 2 opérations distinctes:
1/ le parcours de la Sud Sud Est exclusivement sur coinceurs par les différents participants pour s'assurer de la faisabilité de la voie dans ce style sans pour autant y générer un engagement trop important ou une prise de risque excessive et, dans le même temps, permettre à chacun des participants de mener à bien à la fois:
- > le perçage particulier pour ce genre de scellements afin que les rings ne tournent pas et aussi éviter tout porte à faux au niveau du point de rupture (nécessité de "chanfreiner" chaque trou au dessus et diamétralement en dessous),
- > le nettoyage méticuleux des trous avec un écouvillon et une pompe à souffler ( en plusieurs répétitions)
- > l'organisation et la procédure rigoureuse pour utiliser le pistolet à résine
- > le placement du ring dans le trou préalablement résiné
Chaque stagiaire a pu se rendre compte de l'exigence de méthodologie rigoureuse et de la responsabilité que représente l'équipement en scellements quasi définitifs par opposition aux plus classiques goujons qu'il est toujours possible de "rentrer" dans son trou en cas de mauvais placement ou d'expansion incorrecte.
Mais le travail le plus exigeant physiquement résidait dans le dépitonnage des différents clous dans les longueurs ou aux relais; relais qu'il a fallu démonter qu'une fois les scellements "secs" ( spécial dédicace à Jacques pour son abnégation dans cette mission).
2/ Sur la voie "Vieux Boucs new look" les participants devaient imaginer et créer une variante qui ne devait pas excéder un niveau de 5/5+ pour rester dans le niveau de la voie et ainsi permettre l'évitement du 6b. C'est par le haut que le nouveau tracé a été travaillé afin de placer les points d'ancrage de manière intelligente et cohérente. Ce qui fut fait avec 7 points d'assurage dans la longueur et le placement de 2 nouveaux relais: un R4 bis légèrement en contrebas du R4 originel (celui au pied du 6b) et situé sur le versant Ouest (il s'atteint en traversant face Ouest dès que l'on atteint l'arête sans remonter vers l'ancien relais) d'une part, et, d'autre part, un relais situé immédiatement à la sortie de cette nouvelle longueur afin d'éviter le tirage, surveiller le second et avant de repartir dans la longueur qui fait suite et qui rejoint la voie originelle bien plus haut sur l'arête.
Il s'agissait là d'un "chantier" d'équipement par le haut sur corde statique mais avec les contraintes d'un léger dévers et la pose nécessaire de points de renvoi sur coinceurs.
Je dois remercier nos trois participantes : Agata, Lou et Margot, sans oublier Jacques, pour leur excellente et efficace implication qui nous a permis de nous organiser et de réaliser l'ensemble de ces travaux. Leur état d'esprit positif et rationnel , leur enthousiasme et en même temps leur résilience a fait de ce stage aux multiples challenges, un succès, malgré la longueur de la marche d'approche à répéter tous les matins (2 heures), la difficile exigence d'un équipement en scellements chimiques sur de grandes voies en paroi (7 longueurs pour 220 mètres), la variété des situations rencontrées demandant beaucoup de facultés d'adaptation.
Merci à chacune d'entre elles et chacun d'entre eux puisque, si j'ai cité Jacques, je ne veux pas oublier Christian Roussel, ainsi que les amis venus prêter leurs solides épaules pour le portage du matériel: Jean Pierre, Lucas et Olivier.
Ce compte rendu serait incomplet si je ne citais pas le refuge de Maljasset et l'accueil de l'équipe de Tita.
Enfin, qu'il me soit permis de remercier Yann Mimet sans qui je n'aurai pas eu la chance de vivre ce genre d'expérience, et Laurent Perez, pour ses conseils avisés grâce à son expertise d'ouvreur/équipeur.
Comme chaque année l'association "Ubaye Escalade" a facilité le bon déroulement du stage grâce au prêt de matériel (perceuse, pistolet à résine...) et à son agrément pour la gestion des sites et voies d'escalade (topos, entretien des sites...).
Christophe Garrigues, guide formateur du stage héritage ouvreur.
Les Jardins d'Amandine - 2023
Le stage s'est déroulé entre le 2 et le 5 septembre 2023 dans la haute vallée de l'Ubaye avec pour camp de base le refuge CAF de Maljasset. Comme en 2021, c'est sur le secteur de la tête de sangliers que l'équipe d'ouvreurs a travaillé. Plus précisement sur la première partie de la voie "Les Jardins d'Amandine" (7 longueurs sur les 12 que comptent la voie).
Cette voie, parcourue très fréquemment depuis sa première ascension, a été ouverte en 1994 par l'équipe de Gérard Fiaschi et Jean Pierre Chevalier, accompagné de Jean Golé, en 1994. Sans être dangereuse, la voie méritait cette révision car les relais étaient devenus obsolètes et quelques aspects de l'équipement dans les longueurs ne présentaient pas la protection que l'on peut attendre aujourd'hui, d'une grande voie de montagne considérée comme toute équipée. Bien sûr, les ouvreurs avertis, ont donné un accord enthousiaste au projet!
Les stagiaires, au nombre de 3, se sont relevés non seulement très motivés dans leur pratique mais également très impliqués dans les objectifs du stage. Qui plus est, de par leurs diverses compétences et leur savoir faire, ils ont été des acteurs efficaces pour tous les aspects des contenus du stage et, par ailleurs, par leur caractère et leur enthousiasme, ils ont parfaitement contribué à la réussite du stage tant pour l'ambiance que pour l'acquisition des différents savoirs.
La voie est restée quasi inchangée dans son tracé et seul le premier relais a été "descendu" de 2 mètres et le second relais non seulement "descendu" mais également décalé vers la gauche de 2 mètres aussi!
Le 4ème relais a été l'objet de tergiversations et d'essais de déplacement, qui se sont soldés par 2 trous inutiles et, finalement un retour à son emplacement originel!
Sur les 7 relais ré équipés sur chaines, 5 d'entre eux possèdent un 3ème point supplémentaire.
Merci à Christophe Garrigues d'avoir piloté ce stage, ainsi qu'aux stagaires (Elise Reynaud Graglia, Céline Atié, Loïc Julien).
Merci également à Christian Roussel pour son aide précieuse et son soutien logistique, et à l'association " Ubaye Escalade" pour le prêt des perfos et la fourniture des goujons.
Fleurs de rocaille - 2021
Yann Mimet a encadré le stage « Héritage ouvreurs » les 30-31 juillet et 1er août 2021.
Yann est un très fort grimpeur, dans le 8, au Yosémite, mais aussi bestjumpeur, parapentiste, moniteur de ski, etc. Il est actuellement formateur au CRET de Briançon. La quarantaine, papa de deux petites filles, il est calme, empathique, modeste, et a beaucoup d'humour.
Il est né en Ubaye dans une famille de montagnards : son papa, Bernard, maintenant à la retraite, était guide, moniteur de ski, « responsable » au niveau jeunesse et sport du 04, encadrait déjà les sorties du CAF Ubaye, et sa maman, monitrice de ski et grimpeuse y organisait des raids à ski et autres sorties. Yann encadre les groupes promotion 04 depuis le début de leur mise en place, il a amené le GPAE 04 en Norvège, avec Dominique Thiercy en 2017.
En fait, les Mimet et le CAF Ubaye est une longue histoire, de père en fils…
Revenons en à nous moutons, ou plutôt sur la tête de Sanglier, là où se situe la voie dans la vallée de l'Ubaye, à proximité du refuge CAF de Maljasset, dans le domaine de haute montagne entouré par la Font Sancte et les Aiguilles du Chambeyron. Cette voie d'initiation très progressive, dans un rocher d'excellente qualité, a été choisie pour le stage « Héritage ouvreurs » organisé par le comité régional PACA des clubs alpins et de montagne les 30-31 juillet et 1er août 2021.
Ouverte et équipée en 1995 par Jean Pierre Chevalier et Jean Golè, elle nécessite aujourd'hui un rééquipement du fait de l'éloignement de points dans les longueurs faciles et de la difficulté à trouver l'itinéraire, difficulté accentuée par la couleur des points qui se confond avec celle du rocher.
150 m pour 4 longueurs allant du 4c au 6a, sur de la quartzite rouge et en exposition Sud Est, la voie est idéale pour se familiariser avec la grande voie. La descente peut se faire soit par une succession de rappels qui seront peut-être aussi à reprendre, soit à pied.
tete du sanglier fleur de rocaille.pdf
